Puga

Alejandro Puga,
July 10, 2012


Visiting card: Anasor Ed Searom


Anasor sleeps. She seems to sleep. Suddenly, she opens her eyes and starts to prowl with them in splendor through her collection of orchids. Every morning this exercise, nothing conjectural, entertains her and it throws her to the beginning of a little bouquet, where she sees, when the afternoon comes, a rabbit that draws with its acrobatic leaps the word “David”… This is our secret and in the likely publication of our correspondence we will not include details of this adventure… Well, I will only say that the whole image is yellow (yellow between us) and a persistent smell of turpentine shows the proximity of a paintbrush cluster always humid.

But, Anasor sleeps. She pretends to sleep. Some of her readings were not finished, because it is necessary to give some brush strokes in the trees branches, where the rabbit will sustain its back paws to launch itself and not to fall in the temptation of disappearing. If this happens the tears of a few beings, which have some romantic inclinations, would destroy everything on their way. But, what shall I say? Nobody sees. Nobody understands the complexity of this game in which a turntable changes the meaning of certain words…

You say:Yes… the invisible ties manifest themselves! Your email was magic! I am talking about the magic, that happened some days ago, when, in the morning, I gave up everything and stood up before the easel... When I opened your email, it was all laughs and joy, because it seemed that you could read my actions!”

You say: Lautréamont. CHANT PREMIER…

« J’ai vu, pendant toute ma vie, sans en excepter un seul, les hommes, aux épaules étroites, faire des actes stupides et nombreux, abrutir leurs semblables, et pervertir les âmes par tous les moyens. Ils appellent les motifs de leurs actions: la gloire. En voyant ces spectacles, j’ai voulu rire comme les autres; mais, cela, étrange imitation, était impossible.

J’ai pris un canif dont la lame avait un tranchant acéré, et me suis fendu les chairs aux endroits où se réunissent les lèvres. Un instant je crus mon but atteint. Je regardai dans un miroir cette bouche meurtrie par ma propre volonté! C’était une erreur!Le sang qui coulait avec abondance des deux blessures empêchait d’ailleurs de distinguer si c’était là vraiment le rire des autres. Mais, après quelques instants de comparaison, je vis bien que mon rire ne ressemblait pas à celui des humains, c’est-à-dire que je ne riais pas. »

Anasor sleeps. She seems to sleep. Suddenly, she opens her eyes and, levitating, she walks towards her white secreter where she discovers five cats tearing a small sheet of paper with dark edges where I read: "A dream: I was in my room, in my bed. The bed is in a way that when I lie down I see the horizon. On the left side there is a door, which connects the rest of my dwelling.

The floor is made of parquet. It was late night, I have just woken up and the lights are strangely on. I step down slowly from the bed and on the floor next to the door, as if indicating the way, there is a painting, floating. At the back I see the horizon at dawn. On the floor, in the painting that floats there is a dark background as the sky just in front of me, I can see a very ancient and very pretty Lady in her blue dress. The feeling of revisiting the ancient invades me. I have never painted this Lady, not in that way, not in that position, nor floating. But since then I started the readings.”








Alejandro Puga,
10 Juillet 2012


Carte de visite : Anasor Ed Searom


Anasor dort. Elle semble dormir. Soudain, elle ouvre les yeux et commence, avec eux en splendeur, une promenade à travers sa collection d'orchidées. Chaque matin, cet exercice, en rien conjectural, la divertit et la jette au commencement d’un petit bouquet où l'on voit, quand l'après-midi vient, un lapin dont les sauts acrobatiques dessinent le mot « David »… C’est notre secret et dans la probable publication de notre correspondance nous n’inclurons pas les détails de cette aventure… Bon, je vais juste dire que toute l’image est jaune (yellow entre nous) et qu’une odeur persistante d’essence de térébenthine indique la proximité d'une poignée de pinceaux humides.


Mais Anasor dort. Elle fait semblant de dormir. Certaines de ses lectures ne sont pas achevées, car il est nécessaire de donner quelques coups de pinceau dans les branches des arbres sur lesquelles le lapin prendra appui sur ses pattes de derrière pour se lancer et ne pas succomber à la tentation de disparaître. Si cela arrivait les larmes de quelques êtres aux inclinations romantiques détruiraient tout sur leur passage. Mais, que dis-je ? Personne ne voit, personne ne comprend la complexité de ce jeu dans lequel une table tournante change le sens de certains mots…


Tu me dis : « Oui… les liens invisibles se manifestent ! Ton courriel était magique ! Je parle d’une magie qui s’est produite voici quelques jours lorsqu’au matin, j'ai tout laissé tomber et je me suis mise au chevalet… Quand j'ai ouvert ton e-mail, ce ne furent que rires et joie, parce qu’il semblait que tu lisais mes actes ! »


Tu me dis : Lautréamont. CHANT PREMIER… «… J'ai vu, pendant toute ma vie, sans en excepter un seul, les hommes, aux épaules étroites, faire des actes stupides et nombreux, abrutir leurs semblables, et pervertir les âmes par tous les moyens. Ils appellent les motifs de leurs actions: la gloire. En voyant ces spectacles, j’ai voulu rire comme les autres; mais, cela, étrange imitation, était impossible. J’ai pris un canif dont la lame avait un tranchant acéré, et me suis fendu les chairs aux endroits où se réunissent les lèvres. Un instant je crus mon but atteint. Je regardai dans un miroir cette bouche meurtrie par ma propre volonté ! C’était une erreur ! Le sang qui coulait avec abondance des deux blessures empêchait d’ailleurs de distinguer si c’était là vraiment le rire des autres. Mais, après quelques instants de comparaison, je vis bien que mon rire ne ressemblait pas à celui des humains, c’est-à-dire que je ne riais pas. »


Anasor dort. Elle a l'air de dormir. Soudain elle ouvre les yeux et, en lévitant, elle marche vers son secrétaire blanc où elle découvre ses cinq chats qui déchirent un petit papier avec des bords sombres où je lis : « Un rêve : j’étais dans ma chambre, dans mon lit. Le lit est disposé de telle sorte que lorsque je m’allonge, je vois l’horizon. Sur le côté gauche il y a une porte qui ouvre vers le reste de ma demeure. Le sol est en parquet.

C'était tard dans la nuit, je viens juste de me réveiller et étrangement les lumières sont allumées. Je descends du lit lentement et sur le sol près de la porte, comme pour indiquer le chemin, il y a un tableau qui flotte. Derrière, je vois l'horizon à l'aube. Sur le sol, dans le tableau qui flotte il y a un fond sombre comme le ciel juste devant moi, je peux voir une très ancienne et très belle Dame dans une robe bleue. Le sentiment de revisiter un passé ancien m’envahit. Je n'ai jamais peint cette Dame, pas de cette façon, pas dans cette position, ni en train de flotter. Mais depuis lors, j'ai commencé à relire. »


Si je voulais projeter à nouveau ce texte, je ferais irruption dans le souvenir de toutes tes œuvres avec véhémence. Cependant, ce n’est pas moi qui vais analyser chaque particule peinte, pas plus que je ne te surprendrai au moment d’équilibre du souffle pour que ta main tenant la brosse tremble et ensuite glisse avec la même délicatesse que ton orchidée chocolat (j’en ignore le nom scientifique) à la recherche de la lumière de tes yeux. Cette lumière a la forme du gui des druides et sa portée n’a pas de limites.


Je te murmure de loin : « je voulus écrire ces phrases, et ensuite qu’elles fussent imprimées aussi en une partition musicale si parsemée de tes couleurs que la présence du clair de lune serait indispensable pour en capturer les révélations… C’est comme ça l'inspiration… »






Alejandro Puga,
July 10, 2012


CARTA DE VISITA: ANASOR ED SEAROM


Anasor duerme. Parece dormir. De pronto abre los ojos e inicia, con ellos en esplendor, un recorrido por su colección de orquídeas. Todas las mañanas este ejercicio, nada conjetural, la entretiene y la lanza hacia el comienzo de un bosquecillo donde verá, cuando la tarde caiga, a un conejo que dibuja con sus saltos acrobáticos la palabra David… Ese es nuestro secreto y en la probable publicación de nuestra correspondencia no incluiremos detalles de dicha aventura… Pues bien, sólo diré que toda la imagen es amarilla ( yellow entre nosotros) y que un persistente olor a trementina denota la proximidad de un ramillete de pinceles húmedos siempre.


Pero Anasor duerme. Finge dormir. Algunas de sus lecturas han quedado inconclusas pues es preciso dar algunas pinceladas en los troncos de los árboles donde el conejo apoyará sus patas traseras para impulsarse y no caer en la tentación de desaparecer. Si ello ocurriera las lágrimas de algunos seres con inclinaciones románticas destrozarían todo a su paso ¿Pero qué digo? Nadie nos observa, nadie comprende la complejidad de ese juego en el que una mesa giratoria trastoca el sentido de ciertas palabras…


Me dices: Sim… os laços invisíveis se manifestam! Teu email foi mágico! Falo de uma magia ocorrida dias atrás, pois naquela manhã, renunciei a tudo e me coloquei ao cavalete...quando abri teu email, foram apenas sorrisos e alegria, pois pareceu que tu lia meus atos!!!!!


Me dices: Lautréamont. CHANT PREMIER...

« J’ai vu, pendant toute ma vie, sans en excepter un seul, les hommes, aux épaules étroites, faire des actes stupides et nombreux, abrutir leurs semblables, et pervertir les âmes par tous les moyens. Ils appellent les motifs de leurs actions : la gloire. En voyant ces spectacles, j’ai voulu rire comme les autres ; mais, cela, étrange imitation, était impossible. J’ai pris un canif dont la lame avait un tranchant acéré, et me suis fendu les chairs aux endroits où se réunissent les lèvres. Un instant je crus mon but atteint. Je regardai dans un miroir cette bouche meurtrie par ma propre volonté ! C’était une erreur! Le sang qui coulait avec abondance des deux blessures empêchait d’ailleurs de distinguer si c’était là vraiment le rire des autres. Mais, après quelques instants de comparaison, je vis bien que mon rire ne ressemblait pas à celui des humains, c’est-à-dire que je ne riais pas ».


Anasor duerme. Parece dormir. De pronto abre los ojos y se dirige, levitando, hacia su secreter blanco donde descubre a sus cinco gatos rasgando un pequeño papel de bordes oscurecidos donde leo: Un sonho : Eu estava no meu quarto, em minha cama. A cama está posicionada de forma que quando deito vejo o horizonte. Na lateral esquerda tem uma porta que liga ao resto da moradia. O piso é de parquet. Era noite alta, acabei de acordar e as luzes estão estranhamente acesas. Desço da cama lentamente e no chão próximo da porta como indicando o caminho, há um quadro que flutua. Ao fundo vejo o horizonte de madrugada. No chão o quadro que flutua, nele há um fundo negro como o céu a minha frente, nele há uma Dama bela e muito antiga de vestido azul. A sensação de revisitar os antigos me invade. Nunca pintei essa Dama, não daquele jeito, não naquela pose, nem flutuando. Mas desde então comecei as releituras.


Si quisiera proyectar nuevamente este texto, irrumpiría en el recuerdo de toda tu obra con más vehemencia, pero no seré yo quien analice cada partícula pintada, ni te sorprenda en el momento de equilibrar la respiración para que la mano con el pincel tiemble y luego se deslice con la misma delicadeza de tu orquídea chocolate (ignoro su nombre científico) al buscar la luz de tu mirada. Esa luz tiene la forma del muérdago de los druidas y su alcance no tiene límites.


Te susurro desde la lejanía: Hubiera querido escribir estas frases, y que luego sean impresas también, en una hoja musical tan salpicada por tus colores que fuera imprescindible la presencia de la luz lunar para captar su sentido revelador… Así es la inspiración…











LOUP-GAROU - 2012